Eglises d'Asie – Inde
Les écarts de richesse continuent de se creuser en Inde selon un nouveau rapport
Publié le 29/01/2022
Les écarts de richesse se sont creusés en Inde en 2021, selon une enquête publiée par Oxfam International. L’an dernier, les milliardaires indiens ont augmenté leur richesse de 39 % et continuent de s’enrichir plus rapidement. Par ailleurs, selon le rapport, les plus pauvres ont vu leur revenu annuel diminuer de 53 % et peinent toujours à toucher un revenu minimal et à accéder à une éducation de qualité et à la santé. Le rapport, intitulé « L’inégalité tue : supplément Inde 2022 », souligne que les 98 Indiens les plus riches détiennent les mêmes richesses que les 555 millions d’Indiens les plus pauvres.
Le nombre de milliardaires indiens est passé de 102 en 2020 à 142 en 2021, alors que le pays subissait une nouvelle année de pandémie. L’an dernier, la part de la richesse nationale des 50 % les moins riches n’était que de 6 %. En 2020, les 10 % les plus riches détenaient presque 45 % de la richesse nationale. Selon la liste Forbes des milliardaires, la richesse combinée des 100 Indiens les plus riches représente plus de 500 milliards de dollars US. Par ailleurs, en 2021, on ne comptait que trois femmes sur les cent personnes les plus riches en Inde. Le pays est le troisième au monde en nombre de milliardaires, après la Chine et les États-Unis, soit plus que la France, la Suède et la Suisse réunies.
Ainsi, le rapport d’Oxfam confirme une fois de plus que l’Inde est l’une des économies qui enregistrent la croissance la plus rapide au monde, mais aussi l’un des plus inégalitaires, avec des écarts de richesse qui ont continué de s’accentuer fortement au cours des trois dernières décennies. Depuis 2015, la part de la richesse nationale entre les mains des 1 % les plus riches n’a cessé d’augmenter.
« Par intérêt politique, les élus sont plus occupés à diviser les gens »
Cette réalité est également vraie à l’échelle globale, alors que les milliardaires du monde entier se sont enrichis en 2021 alors que les plus pauvres ont été fortement affectés par les conséquences de la pandémie pour la deuxième année consécutive. « Si les représentants du peuple élus au Parlement ne font pas leur travail sérieusement, l’énorme fossé entre les riches et les pauvres va continuer d’augmenter à des proportions inimaginables », alerte A. C. Michael, un responsable de l’organisation United Christian Forum.
Cette situation va très certainement continuer, estime cet ancien membre de la Commission pour les minorités de Delhi. « Malheureusement, par intérêt politique, les représentants élus sont plus occupés à diviser les gens selon leur religion plutôt que de faire face aux problèmes les plus urgents. » De son côté, le professeur Himanshu Jain, de l’université Jawaharlal Nehru (New Delhi), s’inquiète particulièrement, dans le cas de l’Inde, du fait que « l’inégalité économique s’ajoute à une société déjà fracturée en termes de castes, de religions, de régions, et de genres ».
15 % de chômage dans les zones urbaines en 2021
Cet enrichissement des 100 milliardaires indiens les plus riches survient alors que le taux de chômage national s’est élevé à 15 % dans les régions urbaines et que le système de santé du pays est au bord de l’effondrement. Malheureusement, la politique fiscale a été favorable aux plus riches tout en privant les États indiens d’importantes ressources fiscales – en particulier dans le contexte de la crise sanitaire. La pandémie a également révélé combien les États indiens sont dépendants du gouvernement fédéral en termes d’expertise technique et de soutien financier, malgré une structure fédérale soutenue par la Constitution. Par ailleurs, l’État a continué de détenir toujours plus de ressources de manière centralisée plutôt que de les redistribuer pour gérer la pandémie.
Dans son rapport, Oxfam suggère au gouvernement indien de revoir ses sources principales de génération de revenus, en adoptant des méthodes fiscales plus adaptées et en examinant les problèmes structurels qui ont permis autant d’accumulation de richesses entre les mains des plus aisés. De plus, pour l’organisation, l’Inde doit aussi redistribuer les richesses afin de soutenir la santé, l’éducation et la sécurité sociale, en les considérant comme des droits universels et des moyens essentiels pour réduire l’inégalité. Oxfam a également appelé le gouvernement à reconnaître les inégalités vécues par les citoyens indiens, en les mesurant et en légiférant pour mieux protéger les intérêts de la population.
(Avec Ucanews)